Sergio Verastegui
A single line which is invisible and unceasing



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L’ ouvrage de Sergio Verastegui intitulé « Une simple ligne à la fois invisible et ininterrompue » (A single line which is invisible and unceasing) tire en effet une ligne narrative ténue, par laquelle l’artiste associe nombre de ses préoccupations théoriques et de ses activités plastiques. Sculpteur - au sens classique de celui qui accumule et qui extrait - Verastegui propose dans ce livre un récit fragmenté, où ses formes configurées se donnent à lire sur le fond d’une jungle dense et obsédante, qui en est le dehors. L’ Amazone, qui lui sert de trame, court le long des pages, dans un noir et blanc grisé au grain incertain. Au milieu de cet espace diffus se tiennent des objets et des espaces qui sont, par contraste, le lieu d’une forte concentration de sens : des objets prélevés, des espaces empêchés, des configurations au bord de se défaire. Un sous-sol chaotique transformé en atelier tient lieu d’installation, où des quasi-objets émergent, inutilisables, usés et très denses. Des cadenas urbains dépossédés de leurs véhicules hantent les pages en inutiles totems, « objets trouvés » laissés là, alors que le Serpent, la menace, rôdent dans les frondaisons. Ces narrations allusives parsèment les pages de leurs densités invisibles : et pourtant elles sont là. Des anneaux du boa aux formes brutes montrées lors de l’exposition à Art-o-rama, la discontinuité ne parvient pas à masquer la congruence. Verastegui s’insinue dans le format du livre pour tenir ensemble ses ambitions de sculpteur et ses rêves de narrateur : il y tient reliés ensemble ses fragments. La conversation menée par l’artiste avec Frédéric Bonnet, au terme du livre, clôt le récit et le fluidifie par leurs échanges ductiles. DV

Sergio Verastegui (1981, Fr)